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LOCKWOOD Didier

Tribute to Stéphane Grappelli [2000] Dreyfus Jazz ‎

L’hommage est un piège. Il suffit que l’angélisme s’en mêle et la tentation d’imiter conduit au plagiat, au « chabada-dry ».
Didier Lockwood s’en sort bien : il y a une bonne dose de charme bien français, mélange de grâce et d’humour, de virtuosité qui ne se prend pas au sérieux, il y a une manière de jouer serré, de tenir en laisse la mélodie, de chercher alentour sans perdre de vue le thème, ce fil d’Ariane.
Il y a bien sûr un répertoire en partie ancré dans la tradition « cordes et âmes » évoquant les riches heures du HCF (Nuages, Minor Swing, I Got Rhythm...). Mais c’est bien du Lockwood qu’on entend : archet très léger, crin frôleur, vibrato contrôlé au quart de millimètre, savoir harmonique qui s’inscrit dans la modernité. Et même si l’on retrouve ces harmoniques dans l’aigu « à la Stéphane », il y a une qualité de silence qui se faufile entre quelque escalier de notes bien descendu.
Il n’est donc pas innocent de retrouver le bassiste Niels-Henning Ørsted Pedersen, l’un des deux ou trois monstres de l’instrument, et Biréli Lagrène, coup de canif manouche, djangologicien capable de génie qui peut ici faire la pompe à la guitare sans nous faire regretter l’absence de pianiste et de batteur.

F. L.