L’académie de jazz de France depuis 1955

Michel PORTAL (1967)

Lauréat en 1967

Michel Portal, Alan Silva Celestrial Communication Orchestra
studio 104, ORTF, Paris, 29 décembre 1970
© photo Jacques Bisceglia

Clarinettiste, saxophoniste, joueur de bandonéon, taragot, etc, et compositeur français (Bayonne 25-11-1935).

De formation classique couronnée de prix internationaux (Genève, Budapest), Michel Portai est à la clarinette un soliste remarquable dans l’ensemble du répertoire de l’instrument (Mozart, Brahms, Schumann, Berg, etc.). Il n’a jamais cessé pour autant de pratiquer, depuis l’enfance, les musiques populaires (au Pays basque d’où il est originaire), la variété (Perez Prado) et le jazz. A l’origine du mouvement free en France, avec François Tusques, Bernard Vitet et Sunny Murray, il devient l’un des interprètes de prédilection des compositeurs contemporains (Boulez, Stockhausen, Berio, Kagel) et forme avec trois autres musiciens (Vinko Globokar, Carlos Alsina, Jean-Pierre Drouet) le New Phonic Art, axé sur l’improvisation collective, la recherche sonore et la création instantanée. A partir de 1971, il fonde une structure ouverte, le Michel Portai Unit, lieu d’échange et de rencontre de musiciens européens et américains sur le mode de l’improvisation libre. Qu’il se présente en duo (avec Bernard Lubat ou Martial Solal), en invité de groupés constitués (Jeanneau-Texier-Humair, Kühn-Jenny Clark-Humair), dans des associations momentanées (avec Howard Johnson, Jack DeJohnette, John Surman, Mino Cinelu, Dave Liebman, etc.), ou dans son propre Unit, Portal reste un partisan sans compromis de la ligne free et des accidents imprévisibles de la rencontre musicale. Son goût du hasard et de l’événement est toujours lié à une dramatisation de l’acte musical qui n’exclut jamais la passion du rythme et du déchaînement propres à susciter une image forte de fête. Depuis 1975, nombreuses musiques de films (Comolli, Vigne, Oshimaj etc.).
Dans le jazz européen, Michel Portai occupe une place singulière et perturbante. Sa réputation de soliste classique semble l’avoir débarrassé du souci d’affirmation technique. Destinataire direct des grands compositeurs contemporains, il n’est pas pressé parle besoin de reconnaissance. Régulièrement salué par l’ensemble de la profession de la musique et du spectacle (trois « césars » pour ses musiques de films viennent s’ajouter à de nombreux prix et récompenses reçus dans tous les domaines), il a les moyens de se faire une conscience exacte de la position qu’il occupe. Cela lui permet d’entrer dans le champ de l’improvisation avec une volonté renouvelée de non-savoir et de chamboulement. Elle n’exclut ni l’inquiétude ni la véhémence. En de longs parcours toujours tendus par un lyrisme cru, par les caprices de l’invention, par un sens de la fantaisie et aussi bien de la mélodie heureuse par la recherche entêtée du son intérieur ou de l’explosion dés rythmes, Portal semble vivre chaque acte musical comme une remise en jeu totale. Comme pour pousser à bout son être musicien et les règles de l’échange avec ses partenaires. Il peut atteindre, dans l’enjouement autant que dans le cri tragique, des pointes exceptionnelles. La scène est alors son domaine de prédilection. Il réserve aux disques (singulièrement dans « Dejarme solo » et « Turbu¬lence ») le montage solitaire de tableaux, de moments, de figures longuement et méticuleusement mises au point - commentaire fixe et lié de son agitation extérieure. Le jazz n’est pas pour lui un style parmi d’autres : c’est sa façon bouleversante de vivre la musique, de considérer ses autres expériences musicales, de les brusquer, et, éventuellement, de les réinventer.

FM.

Un canard sentimental (Ivan Jullien, 1966) ; « Alors ! » (1969), « Our Meanings And Our Feelings » (1970), « Splendid Yzlment » (1971) ; « Chateauvallon 72 », « Chateauvallon 76 » ; Il Camino (Aldo Romano, 1978) ; En el carripo (1979), Arrivederci (\9S0), Mozambic (1986), « Any Way » (1992).